mardi 8 janvier 2008
Ciné: A boire et à manger pour le début 2008
Denis Lehane, auteur américain dont une autre œuvre, Mystic River, a été portée sur grand écran avec maestria par Clint Eastwood en 2003, a vu un autre de ses romans, Gone Baby Gone. Adapté au cinéma par Ben Affleck et avec Casey Affleck dans le rôle titre, le film montre l’alchimie qui existe entre les deux frères qui a donné naissance à un chef-d’œuvre du film noir.
Dans une banlieue ouvrière de Boston, Amanda, une fillette de quatre ans, a disparu. La police ne parvenant pas à retrouver sa trace, l’oncle et la tante de l’enfant décident de faire appel à des détectives privés de la région, Patrick Kenzie et Angie Gennaro. Plus ils enquêtent, plus ils découvrent l’envers de la ville dans ce qu’il y a de plus ténébreux et terrifiant : ils vont fouiner, fouiller, déterrer de sordides secrets tout en croisant la route de dealers, de criminels et de pédophiles. Dans le même temps, face à la pression médiatique, Remy Bressant et son supérieur, le capitaine de police Jack Doyle, vont mener de leur côté l’enquête dans une affaire qui s’annonce de plus en plus sordide.
Tourné en juin 2006, Gone Baby Gone a longtemps été retardé à cause de « l’affaire Maddie » avec laquelle le film partage de très nombreuses ressemblances. Si le délai d’attente fut long, force est de constater que cette première réalisation de Ben Affleck est d’une densité rare et d’une acuité extraordinaire. Son film résonne par sa lucidité sur notre monde contemporain, ses excès, ses pêchés et son mal-être permanent. Dès les premières secondes, Gone Baby Gone nous prend aux trippes par une musique magnifique, et l’émotion qui s’en dégage ne nous quitte pas, même lorsque le film est terminé. Ben Affleck, acteur capable du meilleur (Hollywoodland pour lequel il a reçu le prix d’interprétation masculin lors de la 63ème édition de la Mostra de Venise en 2006) comme du pire (Pearl Harbor), montre, pour son premier passage derrière la caméra, un talent étonnant en faisant preuve d’une sidérante sensibilité sans en faire trop. De surcroit, il a lui-même réalisé l’adaptation scénaristique du roman de Denis Lehane, démontrant un réel talent d’auteur (son précédent scénario, Will Hunting, coécrit avec Matt Damon en 1998, avait été un franc succès critique et commercial lors de son adaptation cinématographique par Gus Van Sant). Casey Affleck, le petit frère de l’autre, après avoir volé la vedette à Brad Pitt dans L’Assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford, y interprète avec beaucoup de conviction un détective privé par très net, déroutant et dérangeant. Ce garçon, j’en suis certain, est l’un des futurs grands acteurs des prochaines années ! Le reste du casting est épatant. Mention spéciale pour Ed Harris et Morgan Freeman qui crèvent tous les deux l’écran par leur charisme. Tous les ingrédients sont réunis pour nous fournir un délicieux cocktail de près de deux heures duquel l’être humain ne sort pas grandi de cet épatant film dramatique.
Si Gone Baby Gone évoque le drame des enfants disparus, il faut savoir que ce sujet reste extrêmement tabou dans notre société. Pour information, aux Etats-Unis, 85 à 90% des cas de personnes disparues que recense la police sont des mineurs. En 2007, un rapport du Département américain de la Justice notait que 797 500 enfants de moins de 18 ans ont été déclarés disparus sur une période d’un an. Par ailleurs, on estime qu’aux Etats-Unis, un garçon sur huit et une fille sur quatre sera sexuellement exploitée ou victime de sévices sexuels avant d’atteindre l’âge adulte. Au final, 99% des enfants disparus sont retrouvés grâce aux recherches de la police. Mais il reste environ 10 000 enfants par an qui ne sont jamais retrouvés…
Bruckheimer revisite l’histoire des Etats-Unis
La recette miracle est bien connue à Hollywood : les héros ne prennent pas de repos, surtout s’ils déchaînent les passions au box-office. Jerry Bruckheimer, producteur de nombreux blockbusters américains depuis plus de vingt ans, (Les trilogies Le Flic de Beverly Hills et Pirates des Caraïbes, Bad Boys I et II, Pearl Habor,…) en véritable alchimiste du septième art, est capable de transformer le pire des scénarii en succès cinématographique mondial. Ainsi, après la bagatelle d’environ 200 millions de dollars engrangés à travers le monde en 2004 grâce au film Benjamin Gates et le trésor des Templiers, le producteur américain, sachant qu’il ne faut jamais tuer une poule aux œufs d’or, nous offre un second épisode distrayant mais encore plus inconcevable que son prédécesseur.
Benjamin Gates et le Livre des Secrets démarre plutôt bien – si l’on peut dire – avec le meurtre d’Abraham Lincoln au XIXe siècle. Son assassin laisse derrière lui son journal intime contenant les véritables raisons du crime qu’il a commis. Malheureusement, 18 pages sont manquantes alors que certaines de celles-ci pourraient innocenter un aïeul de Benjamin Gates dans cette conspiration. Retour au XXIe siècle où l’aventurier, devenu célèbre, jouit pleinement de sa grande fortune acquise à la fin du premier opus. Pour laver l’honneur de sa famille et de son ancêtre, Benjamin Gates, aidé par une fine équipe, repart à l’aventure. En menant son enquête, il se rend vite compte que le meurtre de l’ancien Président dissimule une toute autre histoire : l’un des secrets les mieux gardés de l’Histoire américaine.
Disons le tout de suite, ces nouvelles aventures de Benjamin Gates ne sont pas à la hauteur de celles du première épisode. A nouveau derrière la caméra, Jon Turteltaub offre une réalisation insipide pour une histoire sans surprise. Certes, on ne s’ennuie pas une seule seconde car les péripéties sont nombreuses et s’enchaînent très rapidement. Malheureusement, l’humour injecté dans le récit pèse des tonnes, Benjamin Gates étant aussi drôle qu’un clown asmatique. Si les invraisemblances abondent de partout, le pire est, tout comme dans le premier opus, de relever les nombreux relents patriotiques américains : ainsi, Benjamin Gates se bat pour sa famille… mais aussi son pays, la plus grande de toutes les nations du monde ! Ce mode de pensée, quelque peu inquiétant, ferait passer l’idéologie de certains films de guerre de l’Oncle Sam pour des divertissements infantiles… Consternant ou effrayant ?
Heureusement, le casting cinq étoiles (Nicolas Cage, Diane Kruger, Ed Harris, Jon Voight, Helen Mirren, Harvey Keitel) arrive à sauver ce film divertissant mais totalement insipide, sans ironie ni malice. Aussitôt vu, aussitôt oublié ! Vivement le 21 mai prochain et le retour du "plus grand archéologue au fouet de l’histoire du cinéma" dans Indiana Jones et le Royaume du Crâne de Cristal.
J.D.
mercredi 2 janvier 2008
Les nouvelles sanctions du partage
La nouvelle menace
Le dernier accord sanctionnant le téléchargement non commercial datait d’août 2006. Le gouvernement Chirac avait alors décidé de condamner les pirates (soit une dizaine de millions de Français) à trois ans d’emprisonnement et à 300 000 € d’amende.
Or, Nicolas Sarkozy n’a pas prévu d’augmenter le nombre de prisons dans son programme et cette loi a été jugée inapplicable (tiens donc ?). Il y a un peu plus d’un mois, le président français a donc décidé de régler le problème de la crise du disque causé par ce qu’il a appelé « du vol à l’étalage ». Pour cela, il avait réuni quelques amis autour de la table, des gardiens de la culture payante, la "crème de la crème" : Didier Barbelivien, Christian Clavier, Patrick Bruel et j’en passe.
Denis Oliviennes, PDG des magasins FNAC s’est vu confier une mission qui consistait à créer une loi applicable cette fois-ci contre les téléchargements. Un accord a fini par aboutir. Grâce à une étroite collaboration entre les industries du disque, du film et les fournisseurs d’accès à Internet, les internautes connaîtront une riposte graduée. Le contrevenant se verra envoyer un premier message d’avertissement et ensuite un deuxième. Au troisième, on vous coupe la connexion. Simple et efficace, selon eux. Aux States et en Grande Bretagne, où une loi similaire existe, 70% des gens qui échangent leurs fichiers se seraient sérieusement calmés après le deuxième avertissement.
En Belgique
Chez nous le problème est plus compliqué. La culture étant une compétence communautarisée, le gouvernement belge est dans l’impossibilité de se mettre autour de la table pour ce genre de sujet. Néanmoins, la Sabam qui gère les droits d’auteurs en Belgique travaille en étroite collaboration avec le fournisseur d’accès Scarlet afin de mettre au point un système de filtrage empêchant le téléchargement au contenu protégé. Ces derniers mois, Belgacom qui gère un grand contenu à protéger (si l’on compte le web et la télé) s’est montré moins rigide quant à une collaboration avec les industries du disque.
Pratiquement
La mission Oliviennes n’est pas si facilement applicable. Pour sanctionner les pirates, il faudrait les identifier, ce qui n’est pas chose aisée puisque les P2P sont pour la plupart "open source". En d’autres termes n’importe quel internaute peut se servir du logiciel et le modifier de façon anonyme. « Pas grave » se disent le PDG de la FNAC et ses acolytes. Ils se laissent jusqu’en 2010 pour installer des programmes efficaces de filtrages. Et même si l’accord d’Oliviennes était vraiment efficace, les fournisseurs d’accès verraient-ils d’un bon oeil le fait de résilier les abonnements de plusieurs millions de clients ?
Ce nouvel accord n’est pas l’unique solution à la crise du disque. SpiralFrog aux USA, propose de rémunérer les ayants droits (les artistes par exemple) grâce au pourcentage du bénéfice de la publicité engrangée via le téléchargement de leurs œuvres. Ils auraient trouvé là un enrichissement à la gratuité.
En attendant, chez nous, rien d’applicable, rien de sérieux, rien de très menaçant. La résolution d’arrêter le téléchargement illégal sera peut-être pour une autre année.
S.C.
lundi 31 décembre 2007
L’Atlantide : le come-back
Il en aura fait couler de l’encre, le célèbre continent englouti ! Dire que l’origine de la légende remonte à plus de vingt siècles, apparaissant pour la première fois sous la plume de Platon : « Une grande île située au-delà de Gibraltar et nommée Atlantide. » On croyait le mythe refoulé au fin fond des consciences et de l’imaginaire mais… non !
Nous revoilà plongés, une nouvelle fois, au cœur de ce mystère pour le plus grand plaisir des « Atlantomanes ».
Le récit commence sur deux découvertes presque simultanées : la découverte d’un disque en or, parsemé de caractères inconnus, dans une épave et, un papyrus découvert sur une momie égyptienne, mentionnant le nom de la fameuse cité. Et le récit s’emballe : rencontre des différents experts et témoins des découvertes, déchiffrage de l’écriture, repérage du site où se trouvent les restes de la plus vieille civilisation du monde et exploration du dit site. Que du bonheur… ou presque ! Il est vrai qu’on se laisse emporter par les explications et autres théories des personnages mais il y a un hic, et un fameux ! « Tu peux oublier l’Atlantide pour le moment. On vient de tomber sur un sous-marin nucléaire russe. »
Et voici comment transformer un récit d’aventure en tentative de best-seller : prenez une histoire, aussi simple soit-elle, et ajoutez-y un trafic d’armes, un espionnage (le cas ici) ou une magouille politique à deux balles ! Voilà ! Pourtant ça ne partait pas trop mal…hélas ! On finit même par se demander si le titre du roman est bien choisi puisque la découverte de la légendaire cité d’Atlantis ne prend qu’un chapitre, le douze d’ailleurs ! alors que l’exploration du vieux sous-marin russe englouti en prend cinq et sans nous tenir vraiment en haleine !
Ensuite, on repart en direction d’un temple atlante pour se retrouver soixante pages plus loin en confrontation avec le méchant-qui-veut-dérober-les-missiles-nucléaires-du-sous-marin et qui n’est d’autre que le – surprise !- père d’un des membres féminins de l’expédition, membre qui fait, par ailleurs, les yeux doux au héros principal. Sans commentaire. Septante pages plus tard, exit le méchant et on replonge dans le cœur du temple millénaire pour une finition en apothéose sur une théorie intéressante de l’auteur quant à l’origine de l’anéantissement de l’Atlantide.
On a presque pas l’impression de lire deux romans en un, et c’est pas du bonus !
Et l’écriture dans tout ça ?
Mystère ? La mise en bouche, les premières découvertes effectuées ainsi que la révélation du pourquoi de la destruction de la civilisation atlante, sont écrites très simplement. On a l’impression de lire les écrits d’un professeur amoureux de son art, l’archéologie, et désireux de tout nous révéler, tant les détails sont nombreux et croustillants. Pas de doute là-dessus, David Gibbins est bien Docteur en archéologie. Et puis, il y a le reste, les trop nombreuses explications techniques et ultra soporifiques qui rendent la lecture difficile et très ennuyeuse. « Le masque était un casque enrichi au silicium qui suivait étroitement la forme du visage. Une fois prêt, Costas aida Katya à mettre son backpack, un équipement aérodynamique en polypropylène qui comportait un recycleur d’oxygène compact, un détendeur à deux étages et un tribouteilles renforcé au titane rempli à huit cents fois la pression ambiante. Les bouteilles de l’UMI étaient ultralégères et peu encombrantes, moins lourdes que l’ancien bloc monobouteille du scaphandre autonome et ergonomiques. Par conséquent, ils se rendaient à peine compte du volume supplémentaire. » Si, si ! Ou encore « Qu’est-ce que c’est que cette pellicule blanche ? demanda-t-elle. Toutes les surfaces étaient recouvertes d’une couche pâle semblable à de la glace. (…) C’est un précipité, répondit Costas. C’est sans doute le résultat d’une réaction d’ionisation entre le métal et le dioxyde de carbone, dont le niveau s’est élevé après l’arrêt des absorbeurs-neutralisateurs. » Merci Costas !
On se demande qui est à blâmer, l’écrivain, pour ne pas savoir mettre le halte-là dans ses explications ou l’éditeur, pour ne pas avoir demandé à l’auteur de calmer son emballement et d’avoir laissé publier ces passages qu’on croirait sorti d’un syllabus de polytechnicien.
On l’aura compris, Atlantis n’est pas ce que l’on peut appeler un roman à lire absolument. Pourtant, les découvertes du disque d’or et du papyrus étaient loin d’être inintéressantes et la théorie de l’auteur sur la fin de la civilisation atlante reste très innovante et donne à réfléchir. Il est dommage que David Gibbins se soit amusé à alourdir le récit tant avec ses explications techniques qu’avec l’intrigue politico-conne. Un roman conseillé, dès lors, aux seuls férus de civilisations disparues ou aux inconditionnels du mythe antique de Platon.
J.W.
samedi 29 décembre 2007
Réactions sur la playlist
Extreme - Play with me
Beastie Boys - Fight for your right to party
John Dahlback - Blink
Dave Gahan - Kingdom
Dropkick Murphys - Johnny, I hardly knew ya
Feist - My moon my man (Boys Noize Remix)
Lucio Battisti - I giardini di marzo
Lynyrd Skynyrd - Freebird
Pauline Croze - T'es beau
Rage Against the Machine - Killing in the name of SebastiAn
Ratatat - Lex
Sarah Bettens - Daddy's gun
The Tellers - Second category
Tryo - Con par raison
Just Jack – Lovefool
S.C.
La Playlist
mercredi 12 décembre 2007
ROD THE TV
R.O.D (Read Or Dream) reste une série originale et surprenante. Les premières images donnent déjà un bel aperçu de l’ambiance et du style choisi et voulu par l’auteur Hideyuki Kurata. Le générique s’ouvre sur une silhouette de femme qui rappelle sans aucun doute celui de Drôles de dames, une série culte de la fin des années 70, mettant également en scène trois héroïnes courageuses et sentimentales. Ce générique est d’ailleurs assez bien fait. L’auteur réussit à alterner plusieurs styles différents offrant aux téléspectateurs des passages d’action, des moments plus posés, le tout entrecoupé de dessins plutôt sexy.
Le thème du papier utilisé comme arme attire directement l’attention. Quoi de plus banal et « inoffensif » qu’une feuille de papier? Mais qui ne s’est jamais coupé avec ça? Ajoutons à cela, des personnages charismatiques et bien dessinés, un scénario débordant d’action et de sensibilité et surtout une scène finale très intéressante. Imaginez Londres où les récits de Sir Arthur Conan Doyle et d’Herbert Orson Wells fusionnent pour aménager le royaume au goût d’un Leader naissant : The Gentleman.
J.H.
lundi 10 décembre 2007
Un grand "Віго Moртэнсэн" pour un grand film
"Віго Moртэнсэн", Vigo Mortensen en version russe, est à l'affiche du dernier film de David Cronenberg: Eastern Promises (Les promesses de l'ombre), un thriller noir et violent sur le milieu des gangs russes à Londres. L'acteur a vraiment la tête de l'emploi.
Anna, sage-femme retrouve le journal intime d'une jeune fille russe qui meurt durant son accouchement. Cherchant à retrouver la famille de l'enfant, elle tombe sur un vieux monsieur, patron d'un restaurant russe. Bien vite, Anna (interprétée par la belle Naomi Watts) se rend compte que le vieillard aux apparences sages, n'est autre qu'un boss de la mafia russe. Son chauffeur et homme de sales besognes, Nikolai (Vigo Mortensen) est balancé entre la belle infirmière et sa loyauté envers le gang.Kirill (Vincent Cassel), le fils du chef le considère en plus comme son meilleur ami. Petit à petit, Anna met son entourage en danger en continuant à roder autour du monde de la mafia russo-londienne.
Soulignons d'abord, que David Cronenberg est égal à lui-même en signant un film monstrueux , tout en intensité. Il n'y a pas à dire après American Gangster le mois dernier, nous sommes vraiment gâtés côté films de gangster, en cette fin de l'année 2007. Les acteurs ajoutent une plus-value à cette histoire déjà très bien tramée à la base. Vigo Mortensen, en accomplisseur des basses besognes du gang, est tout simplement glacial dans ce film: la tête, l'accent, les rictus, tout y est.. on croirait voir Poutine! Vincent Cassel est tout aussi excellent: on croirait qu'il a toujours parlé russe. Il montre encore une fois toute l'étendue de son talent et, il semble être le nouveau petit chouchou français du cinéman américain (après ses rôles dans Ocean's twelve et sa suite). Maintenant, soyons sérieux (et augmentons nos chances auprès de la bellissima Monica Bellucci), il pourrait rester dans ce rôle toute sa vie, on croirai qu'il est né comme ça tant sa tête colle bien au personnage : un rustre soiffard, affamé de violence et d'alcool.
Enfin pour conclure, il faut souligne que la scène finale, d'une violence innouie et tout en nudité, vaut vraiment plus que le détour tant pour les mecs, que pour les filles! Bon film! La bande-annonce
A.S.
Deux beaux navets au ciné
Les deux mondes: Poelvoorde joue les messies
Le marathon de Benoît Poelvoorde démarre sur les chapeaux de roues avec la sortie du film Les deux mondes, suivi dans de Cow-Boy, Les randonneurs à Saint-Tropez et le futur blockbuster français de l’année 2008 : Astérix aux jeux Olympiques. Attention au risque d’indigestion pour tous ceux qui ne le supportent pas ! Pour son premier rôle dans un film fantastique, notre comédien national se montre plus en forme que jamais. Dommage que le spectacle ne soit pas à la hauteur de son talent…
Dans un rôle taillé sur mesure, Benoît Poelvoorde incarne un restaurateur de tableaux falot dont la vie s’écroule du jour au lendemain : après avoir retrouvé son atelier complètement inondé et avoir perdu son travail, sa femme lui annonce brutalement qu’elle le quitte pour un autre. Complètement abattu et égaré, il se réfugie chez ses parents. C’est dans leur cuisine que le pauvre homme se retrouve mystérieusement aspiré dans le sol. Traversant le temps et l’espace, il atterrit dans un monde primitif où une peuplade primitive, prisonnière d’un tyran cannibale et de son armée, voit en lui le messie qui la libérera enfin de l’oppression.
Disons le tout de suite, ce film ne restera pas dans les annales comme étant un véritable chef-d’œuvre humoristique. Si l’idée loufoque proposée par le scénario fonctionne plutôt bien, elle n’est pas suffisamment exploitée sur la longueur par le réalisateur Daniel Cohen qui nous pond un spectacle manquant de saveur et d’excitation. Heureusement, un magistral Benoît Poelvoorde montre l’étendue de son talent d’acteur comique tout en nous régalant de savoureuses répliques piquantes et cyniques.
Comme la plupart des films contemporains produits dans l'Hexagone qui visent un grand public, Les deux mondes est une super-production à la sauce hollywoodienne où l’on ne s’ennuie pas, certes, mais où le manque d’ambition et de profondeur est flagrant. Sans Poelvoorde, ce film serait passé directement aux oubliettes, un peu comme tous les films de Patrick Sébastien. Si vous avez envie de vous détendre en abandonnant temporairement votre cerveau à l’entrée du cinéma ou, tout simplement si vous êtes fan de l’acteur namurois, alors ruez-vous sans tarder dans les salles obscures pour découvrir ce film. Si vous avez envie de rouler des mécaniques, par contre, passez votre chemin sans vous retourner.
Hitman: histoire de "gunfights vidéoludiques"
Hitman est la nouvelle adaptation d’une série de jeux vidéo au succès mondial. Armé d’un budget conséquent, ce thriller survitaminé n’est qu’une suite de tueries sans saveur au scénario tenant sur un ticket de métro.
L’histoire est des plus basiques de la première à la dernière seconde : l’agent 47, un tueur professionnel dégommant tout sur son passage se retrouve lui-même au centre d’un mystérieux contrat où la C.I.A., le F.B.I. et même Interpol entrent en scène. Ça canarde de partout pendant nonante minutes alors que le récit s’essouffle en moins de temps que Carlos pour courir un cent mètres !
Timothy Olyphant incarne sans aucune conviction l’agent 47 dans une aventure calquée sur les péripéties de James Bond et de Jason Bourne. Produit par EuropaCorp (la société de Luc Besson) et réalisé par Xavier Gens, un néophyte français, ce film est à l’instar de toutes les autres adaptations de jeux vidéo : un bon gros navet bien juteux. Depuis 1992 et la sortie de Super Mario Bros, les studios cinématographiques américains et européens ont bien compris que les adaptations de jeux vidéo au cinéma représentaient une manne financière extraordinaire et quasi inépuisable. Les gamers ont toujours rêvé de voir leurs personnages virtuels préférés sur grand écran. Si leurs souhaits ont été exaucés, les résultats obtenus sont des plus médiocres et souvent ridicules, les films ne proposant que des scénarios misérables où l’objectif recherché est tout simplement de vider les poches des férus de jeux vidéo. Alors que de talentueux cinéastes n’arrivent pas à trouver écho pour leurs différentes idées auprès des producteurs, il est regrettable de constater que ces derniers ne semblent prendre en compte que des projets rentables et médiocres. La loi de l’argent est partout, même dans le septième art, et les pigeons sont les spectateurs qui vident leurs poches pour des films sans personnalité. Malheureusement, les choses sont loin de changer vu les scores monstres réalisés par ce genre de film. Pour ceux qui désiraient goûter aux joies d’un véritable thriller qui s’écarte des sentiers battus des blockbusters, précipitez-vous sur Les Promesses de l’ombre (voir critique), le nouveau chef-d’œuvre de David Cronenberg.
J.D.