lundi 10 décembre 2007
Deux beaux navets au ciné
Les deux mondes: Poelvoorde joue les messies
Le marathon de Benoît Poelvoorde démarre sur les chapeaux de roues avec la sortie du film Les deux mondes, suivi dans de Cow-Boy, Les randonneurs à Saint-Tropez et le futur blockbuster français de l’année 2008 : Astérix aux jeux Olympiques. Attention au risque d’indigestion pour tous ceux qui ne le supportent pas ! Pour son premier rôle dans un film fantastique, notre comédien national se montre plus en forme que jamais. Dommage que le spectacle ne soit pas à la hauteur de son talent…
Dans un rôle taillé sur mesure, Benoît Poelvoorde incarne un restaurateur de tableaux falot dont la vie s’écroule du jour au lendemain : après avoir retrouvé son atelier complètement inondé et avoir perdu son travail, sa femme lui annonce brutalement qu’elle le quitte pour un autre. Complètement abattu et égaré, il se réfugie chez ses parents. C’est dans leur cuisine que le pauvre homme se retrouve mystérieusement aspiré dans le sol. Traversant le temps et l’espace, il atterrit dans un monde primitif où une peuplade primitive, prisonnière d’un tyran cannibale et de son armée, voit en lui le messie qui la libérera enfin de l’oppression.
Disons le tout de suite, ce film ne restera pas dans les annales comme étant un véritable chef-d’œuvre humoristique. Si l’idée loufoque proposée par le scénario fonctionne plutôt bien, elle n’est pas suffisamment exploitée sur la longueur par le réalisateur Daniel Cohen qui nous pond un spectacle manquant de saveur et d’excitation. Heureusement, un magistral Benoît Poelvoorde montre l’étendue de son talent d’acteur comique tout en nous régalant de savoureuses répliques piquantes et cyniques.
Comme la plupart des films contemporains produits dans l'Hexagone qui visent un grand public, Les deux mondes est une super-production à la sauce hollywoodienne où l’on ne s’ennuie pas, certes, mais où le manque d’ambition et de profondeur est flagrant. Sans Poelvoorde, ce film serait passé directement aux oubliettes, un peu comme tous les films de Patrick Sébastien. Si vous avez envie de vous détendre en abandonnant temporairement votre cerveau à l’entrée du cinéma ou, tout simplement si vous êtes fan de l’acteur namurois, alors ruez-vous sans tarder dans les salles obscures pour découvrir ce film. Si vous avez envie de rouler des mécaniques, par contre, passez votre chemin sans vous retourner.
Hitman: histoire de "gunfights vidéoludiques"
Hitman est la nouvelle adaptation d’une série de jeux vidéo au succès mondial. Armé d’un budget conséquent, ce thriller survitaminé n’est qu’une suite de tueries sans saveur au scénario tenant sur un ticket de métro.
L’histoire est des plus basiques de la première à la dernière seconde : l’agent 47, un tueur professionnel dégommant tout sur son passage se retrouve lui-même au centre d’un mystérieux contrat où la C.I.A., le F.B.I. et même Interpol entrent en scène. Ça canarde de partout pendant nonante minutes alors que le récit s’essouffle en moins de temps que Carlos pour courir un cent mètres !
Timothy Olyphant incarne sans aucune conviction l’agent 47 dans une aventure calquée sur les péripéties de James Bond et de Jason Bourne. Produit par EuropaCorp (la société de Luc Besson) et réalisé par Xavier Gens, un néophyte français, ce film est à l’instar de toutes les autres adaptations de jeux vidéo : un bon gros navet bien juteux. Depuis 1992 et la sortie de Super Mario Bros, les studios cinématographiques américains et européens ont bien compris que les adaptations de jeux vidéo au cinéma représentaient une manne financière extraordinaire et quasi inépuisable. Les gamers ont toujours rêvé de voir leurs personnages virtuels préférés sur grand écran. Si leurs souhaits ont été exaucés, les résultats obtenus sont des plus médiocres et souvent ridicules, les films ne proposant que des scénarios misérables où l’objectif recherché est tout simplement de vider les poches des férus de jeux vidéo. Alors que de talentueux cinéastes n’arrivent pas à trouver écho pour leurs différentes idées auprès des producteurs, il est regrettable de constater que ces derniers ne semblent prendre en compte que des projets rentables et médiocres. La loi de l’argent est partout, même dans le septième art, et les pigeons sont les spectateurs qui vident leurs poches pour des films sans personnalité. Malheureusement, les choses sont loin de changer vu les scores monstres réalisés par ce genre de film. Pour ceux qui désiraient goûter aux joies d’un véritable thriller qui s’écarte des sentiers battus des blockbusters, précipitez-vous sur Les Promesses de l’ombre (voir critique), le nouveau chef-d’œuvre de David Cronenberg.
J.D.
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